Maroc (août 1998) par Catherine RICOTTIER
du 31 juillet au 3 août : le voyage se déroule sans problème au départ de Reims, en passant par Toulouse, puis le tunnel de Bielsa pour gagner l'Espagne, Huesca, puis cap au sud pour rejoindre la côte andalouse. Nous achetons les billets de ferry à Algeciras, et dormons sur le port. Nous avons retrouvé nos amis, et sommes maintenant 3 camping-cars, prêts pour l'aventure en terre africaine !

4 août : nous prenons le ferry (Cie Euroferries) à 10 h ; la traversée en catamaran dure environ 55 minutes jusqu'à Ceuta, où nous débarquons avec un temps maussade. Les formalités sont très longues pour entrer au Maroc : on remplit des formulaires, on fait tamponner les passeports, puis on attend... On les récupère, et ensuite, on recommence pour le véhicule, puis on essaye de trouver un douanier disponible qui veuille bien venir faire un tour dans le camping-car, coller un badge sur le pare-brise avec un bâton de colle, et enfin  nous laisser partir ! Nous trouvons un distributeur "visa" dans une marina, aussitôt la frontière, puis nous partons pour Chefchaouen. Nous visitons la ville, très jolie avec ses maisons peintes en blanc et bleu (pour éloigner les moustiques d'après nos informations), après avoir garé les camping-cars sur un parking gardé. Ma fille achète du henné. Nous traversons une partie du Rif, et, le soir, nous demandons à la municipalité de Ouezzane de nous indiquer un endroit pour passer la nuit : on nous ouvre alors les portes de la piscine municipale, et nous pouvons stationner avec des allemands en 4 x 4. Les enfants se baignent dans la piscine que les employés sont en train de remplir, et nous pouvons profiter des douches.

5 août : L'un des enfants est malade (peut-être la baignade de la veille ?), mais nous avons notre provision de médicaments (indispensable). Nous visitons les ruines de Volubilis sous une chaleur accablante, et nous nous installons au camping "Belle vue". Nous effectuons notre premier ravitaillement à Moulay Idris, où nous choisissons des poulets vivants que l'on prépare sous nos yeux ! Première séance de tatouages au henné le soir, au camping !

6 au 7 août : Nous prenons la route de Fès, où nous arrivons vers 10 h 30, et sommes tout de suite pris en charge par un "guide" qui nous fait visiter la medina avec une autre famille. L'avantage de se faire "guider" est que les autres rabatteurs ne nous importunent pas, même s'il préfère nous emmener dans les boutiques de ses amis plutôt que de nous faire visiter les lieux historiques ! Nous avions déjà visité Fès il y a 12 ans, et rien n'a changé... les ânes, les mendiants, les artisans... Le souk des tanneurs est toujours aussi odorant, et celui des teinturiers aussi coloré.     

 Il fait environ 45 ° C et nous recherchons l'ombre des ruelles. Nous roulons ensuite jusqu'à Khemisset, où nous serons pour la première fois victimes de notre naïveté. Nous demandons, comme d'habitude, où nous pourrions passer la nuit, et un homme nous indique un lac, à environ 15 km, gardé, et nous y emmène en montant à bord d'un des camping-cars. En nous quittant, il nous invite, pour le lendemain, au mariage d'un de ses proches, et nous donne rendez-vous à Rabat. Nous sommes confiants, car "le guide du Routard" mentionne ce genre de pratique, et nous avons déjà pu apprécier l'hospitalité en Turquie lors de fêtes familiales. La nuit est agitée, car nous sommes réveillés par un jeune tentant de décrocher l'un des vélos sur le toit d'un camping-car.

Le lendemain, nous visitons Rabat, la Tour Hassan, le Mausolée, et la maison natale d'un des membres de notre groupe (petite larme !). 

Nous retrouvons notre "ami" de la veille devant le stade de Rabat, près de Temara-plage, où il réussira à faire attendre 2 des camping-cars, à monter dans le 3ème et à le perdre dans la ville hors de portée des CB, après avoir prélevé environ 200 FF à ses occupants, puis à disparaître dans la foule... Nous nous en voulons d'avoir été dupes de cette supercherie ! Nous reprenons la route de Casablanca, et dormons près d'une station service sur la route de Marrakech.

8 et 9 août : Nous arrivons à Marrakech vers 16 h, où nous attend l'ami de l'une de nos familles ; nous sommes reçus avec le couscous préparé en notre honneur. Le lendemain, nous visitons la très belle ville de Marrakech, avec un guide professionnel : les jardins de la Menara, le minaret de la Koutoubia, les tombeaux saadiens, le ghetto juif, le palais El Bahia, et bien sûr le souk et la place Jemaa el Fnaa, si pittoresque.

 

10 et 11 août : Route vers Asni, puis le col du Tizi-n-test, très étroite, mais les paysages sont splendides. 

Nous stationnons pour la nuit en haut du col, sur un parking baptisé "camping" où les 3 camping-cars tiennent tout juste. Mais nous fêtons les 10 ans de Simon à 2100 m d'altitude, dans un endroit dont il se souviendra... il a même droit à un gâteau cuit dans le four du camping-car ! La 2ème partie de la route est encore plus étroite, mais aussi belle, et nous arrivons à Taroudant vers 13 h, par 47 °C. Le camping annoncé dans le "Guide du Routard" n'existe plus, et nous décidons de continuer jusqu'à Agadir. Dommage pour les souks de Taroudant : il faudra revenir à une saison plus fraîche. A Agadir, le camping est complet. Les enfants se baignent, mais on nous dit ensuite que l'eau est polluée et que ce n'est pas recommandé ! Nous passons la nuit sur le parking d'une station service.

12 et 13 août : la route en direction de Tafraout est vraiment superbe, mais toujours aussi étroite ; nous passons la nuit au camping, très rudimentaire, mais nous sommes tranquilles et pouvons laisser les camping-cars pour aller faire quelques courses.

les paysages et les couleurs sont toujours aussi belles le long de la route qui va vers Tiznit, que nous atteignons en fin d'après-midi. Là encore, nous stationnons au camping municipal, installé dans un ancien champ de foire.

Nous visitons le souk, et, croyant faire des affaires dans celui des bijoutiers, nous parvenons encore à nous faire escroquer, sans nous en rendre compte !!! Nous commençons à vraiment douter de l'hospitalité marocaine. Quel dommage ! La nuit est très fraîche, et nous récupérons.

14 et 15 août : après quelques courses, et la réparation de la CB, nous partons vers les plages de la côte. On se croirait en Bretagne, tellement le temps est brumeux. Les plages, coincées entre les falaises, sont sales et surpeuplées. Les ports sont eux aussi très sales.

Sidi Ifni sera notre étape la plus au sud. Nous stationnons au camping, très rudimentaire. Le lendemain, débute la remontée vers le nord. Nous passons par Agadir, mais le camping est bondé et, sur les conseils de camping-caristes français, nous poursuivons notre route vers la pointe d'Imsouane. 

La route est vraiment très étroite et devient une piste sur 9 km. Nous arrivons au port à la tombée de la nuit et pouvons nous garer près d'un petit restaurant. Là encore, le degré de saleté nous rebute, et nous nous faisons voler 2 matelas de plage...

16 et 17 août : nous avons mangé de la friture, sans doute, pas trop fraîche, car nous sommes 2 à avoir la "turista" ! Nous atteignons Essaouira, où nous nous installons pour 2 jours au camping, afin de nous reposer, bien que l'endroit ne soit pas très calme. La ville d'Essaouira est réputée pour ses fabrications en bois de thuya, et sa plage propice à la pratique de la planche à voile ; il y a beaucoup de Français, et nous rencontrons d'ailleurs une de nos élèves sur la plage! La ville est agréable et on peut facilement se promener et faire des achats sans être importuné comme ailleurs, à part sur le marché où on essaiera de nous faire apprécier le charme des caméléons en nous en mettant sur l'épaule !

 

18 et 19 août :nous atteignons Safi, et, après s'être garés au camping, rejoignons la ville en taxi, afin d'aller visiter le quartier des potiers. Attention à la casse, car nous faisons pas mal d'achats !

Le lendemain, nous passons par Oualidia, puis nous visitons El Jadida, son ancienne citerne, et son quartier portugais. Le camping est bondé, et, après avoir éclaté puis changé la valve d'un pneu, nous dormons près d'une station service.

20 et 21 août : à Casablanca, nous visitons la Mosquée Hassan II, qui nous impressionne par sa beauté, son immensité et sa richesse, dans un pays où l'on croise autant de pauvreté. 
Nous reprenons la route et dormons à Asilah, entre Larache et Tanger, dans un camping. Nous effectuons encore quelques achats à Tanger, pour dépenser nos derniers dirhams, et rejoignons Ceuta. Les formalités douanières sont encore plus longues qu'à l'aller, car les camping-cars sont inspectés scrupuleusement et notamment les cuves, car le trafic de drogue est monnaie courante. Nous dormons sur le port de Ceuta, en terre d'Europe ! 

22, 23, 24 et 25 août : Il y a la queue pour reprendre le ferry, et encore un contrôle par un chien pour chercher la drogue. 55 minutes après notre départ, nous sommes à Algeciras. Il faut faire très attention à la hauteur de son camping-car, car l'un d'entre nous a raccroché son freschor, et a du faire un constat d'accident avec la compagnie maritime. Nous sommes contents de retrouver l'Espagne et 3 jours de plage à San Pedro de Alcantara nous remettrons de notre fatigue et de nos émotions. Le trajet du retour se fera en 3 jours par le même trajet qu'à l'aller.

Conclusion : bien sûr, nous retiendrons des bons moments, des paysages superbes, quelques rencontres agréables, et enrichissantes, mais l'impression générale reste, pour nous, celle d'un pays qui commence malheureusement à être corrompu par le tourisme, et où l'accueil est loin d'être celui que nous avions connu dix ans auparavant (mais nous n'étions pas en camping-car).

et pourtant, que de merveilles à découvrir !